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A Cuba, Che Fidel
12 juillet 2015

La Havane, suite et fin

Voici donc la dernière journée du voyage. Une vraie journée car mon avion est à 22h50. Ca laisse le temps de traîner et de visiter encore. Ce matin, la femme aux cheveux bleus ne surgira qu’à la fin de mon petit déjeuner. En revanche, un groupe de Français, une famille au sens large, produit un volume sonore anormal dans la salle à manger. L’un se demande s’il faut dire « queria » avant de demander de l’eau, l’autre fait remarquer que ça veut dire « je voulais ». Ah alors, c’est « quisiera ». Oui, mais rétorque une troisième « pourquoi faudrait-il faire tant de périphrases quand en français on dit : de l’eau s’il vous plaît. Donc agua tout court devrait suffire ». Bon, ils ont l’intention de faire des efforts de langue, c’est bon signe. Je me retiens toutefois de signaler mon appartenance à la nation française, je n’ai pas envie de m’engager dans une discussion avec huit personnes. Alors, comme le reste, j’observe tout en savourant mes derniers fruits tropicaux.

Un bon petit café pour démarrer la journée.

Je n’ai plus de crédit Internet depuis hier soir. Je dois donc acheter une carte pour informer les accros au blog de mes dernières aventures. Laissons les détails et disons que je dois attendre midi pour acheter une carte à l’hôtel Parque Central. Etant en forme, je décide finalement d’aller explorer le musée de la Révolution, ancien palais présidentiel. Ici, le problème des photos a été réglé simplement : le ticket d’entrée coûte 8 CUC, contre 8 pesos pour les Cubains. Cherchez le coefficient multiplicateur. Hallucinant ! En haut des premières marches, des trous dans le mur de marbre rappellent l’attaque du 13 mars 1957.

La Havane, musée de la Révolution.

Coupole du musée de la Révolution, ancien palais présidentiel.

Après une seule salle qui refait l’histoire du bâtiment, toutes les autres sont consacrées aux vaillants combattants de la Révolution. Des vêtements tachés de sang portés par des révolutionnaires, la robe d’avocat de Fidel Castro, des armes, des photos, des légendes de propagande, les biographies des plus illustres personnages tombeurs de Batista… autant le dire, je n’en peux plus. Les Cubains, eux, révisent leur histoire encore et encore. Tout cela se termine par une salle uniquement dédiée au Che et à Cienfuegos, des mannequins les montrant dans la forêt.

Une salle de réception de l'ancien palais présidentiel.

Ancienne salle du conseil des ministres au musée la Révolution.

Enfin libéré, l’étranger peut apprécier la majesté des salles de réception, aujourd’hui vides, le bureau présidentiel et la salle du conseil des ministres où ont été prises des mesures antinationales précise un panneau ! La chapelle n’est qu’une minuscule alcôve où trône un autel sans intérêt. Un escalier dont l’entrée a été vitrée serait celui par lequel Batista se serait enfui. De là, on sort par l’arrière du bâtiment pour « admirer » le mémorial du Granma, le bateau utilisé par Fidel Castro quand il est revenu de son exil mexicain. Il est préservé dans un bâtiment vitré et aéré, et gardé par des militaires qui n’esquissent pas l’ombre d’un sourire. Autour, un char, des avions, une voiture ayant servi à Fidel, un tracteur transformé en véhicule blindé. Difficile d’être convaincue du bienfondé de cette histoire après trois semaines de voyage et même sans voyage, il me sembe. Il est temps de partir vers d’autres horizons.

Dans la rue en attendant mon tour pour entrer chez Etecsa.

A l’hôtel Parque Central, je découvre que les cartes Internet sont réservées aux clients de l’établissement. Mais on m’indique un bureau dans l’annexe où je peux acheter le sésame. Au bout d’un long couloir et de deux escaliers (à descendre, ouf), je cauchemarde quand on me demande 6,5 CUC pour une heure d’Internet ! Le tarif est, je le rappelle, descendu à 2 CUC depuis le 1er juillet. N’écoutant que ma vertu, je n’achète pas la carte pour ne pas cautionner cet Etat qui a installé une pompe à devises pour les touristes. Autant aller au Telepunto le plus proche.

Toute l'isolement de Cuba résumé en une image.

Evidemment, il faut faire la queue. Ca dure presqu’une heure, une attente que nous ne tolérons que pour visiter une exposition parisienne, et encore. Mais quand vient mon tour, catastrophe. Il n’y a plus de carte ! Je demande évidemment si l’on se moque de moi. Mais non. Il n’y en avait que 19 pour toute la journée. Je comprends rapidement le petit jeu du gouvernement. Assécher les points de vente officiels pour que nous crachions nos CUC dans les hôtels. J’enrage mais mes principes ne souffriront pas. Pour achever le tout, une femme m’aborde avec un trop aimable Hola. Je continue de marcher tout en la dévisageant de haut en bas, ce qui suffit à arrêter net sa tentative de m’extorquer une boisson voire plus. Je ne sais pas si c’est l’affluence de touristes, mais les « nuisances » sont plus nombreuses qu’au tout début de mon voyage. Et pour avoir eu des contacts tellement riches avec la population, je commence à mal le supporter.

Ambassade d'Afrique du Sud près de la 5e avenue.

Ambassade de Russie, qui a vu l'oeil de Moscou ?

Quoi de mieux que le Havana Tour Bus comme refuge ? N’ayant pas tout compris de la topographie de la ville hier, je décide de refaire un tour. Les sièges sont toujours instables. Je change de côté pour les photos que je n’ai pas pu faire la veille. Les haut-parleurs sont-ils de meilleure qualité ou la proximité avec l’un d’eux m’aide à la compréhension des explications qui restent cependant succinctes. Je comprends enfin où commence la 5e avenue dans Miramar, qui doit son nom à la célèbre new-yorkaise mais que nous ne faisons que traverser. Les ambassades d’Afrique du Sud et de Russie sont mentionnées à l’aller et au retour, des pays amis bien sûr. L’enfilade des hôtels Copacabana, Panorama et autres ne déplaît tout autant. A l’Aquarium, la foule fait la queue pour entrer.

Sur l'avenue des Présidents.

Sur le chemin du retour, je m’arrête près du glacier Coppelia, non pour me mettre dans la file d’au moins trois heures, mais parce que j’ai repéré le Pavillon Cuba dans le coin où se déroule une fête de l’art. Là aussi, la différence de tarifs pour les locaux et les étrangers est extravagante : de 4 pesos à 2 CUC. Mais surtout quelle déception. En dehors des trois stands de l’entrée qui mettent en appétit avec leurs céramiques un peu attrayantes bien que très classiques, tout le reste est réparti entre quelques stands d’artisanat, deux ou trois de peintures et le reste alterne entre livres et des dizaines de stands de chaussures ! L’espace pour boire et manger occupe plus d’espace qu’il n’en serait raisonnable. Heureusement, un groupe de musique se produit avec deux chanteuses aux voix puissantes. Le tour est vite fait, inutile de s’attarder.

Le bus arrive au moment où je me présente à l’arrêt. Et c‘est un bus neuf avec des sièges en excellent état. Ca ne change rien au soleil qui chauffe dur à la partie supérieure, mais ça évite de basculer en arrière ! Et seconde surprise, il bifurque devant le Prado, prenant un autre itinéraire. C’était suffisant pour me rappeler qu’une ville conserve toujours des coins cachés. Je passe devant une église orthodoxe dont je ne savais rien, la Feria de San Jose dans des bâtiments proches du port restera une énigme et la gare ferroviaire est abritée derrière une magnifique façade.

L'ours en peluche regarde les passants.

En face, en revanche, les immeubles ne sont, eux, que des façades. Et pourtant, derrière cette absence de logements vivent parfois des gens. Une femme met un gros ours en peluche à sécher à son balcon et une autre jette de grands seaux d’eau qui dégouline 10 mètres plus bas. Des sacs descendent au bout d’une ficelle, permettant de faire ses courses sans être obligé de descendre et de remonter des escaliers très raides.

Entrepôts de la SNCF cubaine où se déroule une foire.

Nous retrouvons le Prado. Une dernière glace à 1 peso parce que ça ne s’invente pas et qu’il est préférable de se débarrasser de la monnaie locale, non convertible à l’aéroport. Trois Japonais sortent leurs CUC pour s’offrir le même plaisir. La vendeuse dans son tablier et sa coiffe rouge a l’honnêteté de leur dire que ce n’est pas la bonne monnaie. Ils n’en croient pas leurs yens ! Je ne suis toujours pas pressée par l’heure, alors j’ose une incursion dans la rue animée de San Rafael, là où se tient l’hôtel Inglaterra. Une petite dizaine de personnes en fauteuil roulant vendent des lunettes de soleil.

Attente devant le cinéma de la rue San Rafael.

Plus loin, un cinéma et des magasins en tout genre. La rue est piétonnière, ce qui explique la densité de population. Les Cubains avalent leur pizza dont la pâte molle constitue le principal ingrédient, les sandwiches au pain jauni on ne sait par quoi et des boissons sucrées. Les petits garçons et adolescents rivalisent d’invention pour se faire dessiner au rasoir des dessins sur une partie de leur crâne et les femmes conversent tout en se faisant héler par des « tsst » ou des pseudos bisous.

Une vitrine de la rue San Rafael.

Le voyage touche à sa fin, mes yeux sont remplis de belles images, l’heure du retour a sonné. Aucune nostalgie au moment d’entrer dans mon taxi ultra climatisé vers l’aéroport. La seule question en suspens : combien de temps ce pays va-t-il se maintenir dans ce mélange d’époques ? Le nombre d’appartements en vente laisse songeur. Comment les Américains ne pourraient-ils pas succomber à l’achat d’une demeure en ruine pour 10000 ou 20000 dollars pour la transformer en résidence secondaire ? Suite de l'histoire après la levée de l’embargo.

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Commentaires
D
tu ne crois pas que je " pain jauni " est en fait du pain de maîs ?
A Cuba, Che Fidel
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A Cuba, Che Fidel
  • Premier voyage à Cuba, avant que les relations de l'île avec les Etats-Unis ne soient totalement réchauffées. Merci Barack Obama de cette décision qui m'a fait changer de destination de vacances.
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