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A Cuba, Che Fidel
9 juillet 2015

De Baracoa à La Havane, l'avion décolle

Ce matin est donc le matin de toutes les interrogations. Sur le qui-vive avant de prendre mon avion, à 9 heures, je me réveille tôt. J’en profite pour aller sur la place de l’Indépendance et mettre en ligne le récit de la veille. A peine sortie, je suis hélée par le frère d’Alexis. Il est 7 heures et il traîne dans le coin. Surveille-t-il ma casa pour s’assurer que je ne pars pas avec quelqu’un d’autre ? J’ai payé d’avance, je ne vois pas pourquoi je m’embarrasserais de trouver un autre taxi. Cette rencontre soudaine en dit long sur l’efficacité des CDR (Comité de défense de la révolution) et quand on réfléchit, le système de vigilance que les Américains mettent en place dans leurs quartiers n’est pas tellement différent, la liberté de penser en plus.

A mon retour, ma Jeep verte est à ma disposition. Je me sépare de mes hôtes dont j’ai oublié les prénoms mais qui ont été fort sympathiques. Je croyais rencontrer deux médecins comme indiqué dans Le Routard. Ce sont les cousins qui les remplacent. Eux vivent en Equateur et ne reviennent qu’une fois par an. Nous sommes à l’aéroport en dix minutes. Une file d’attente se prolonge hors du petit bâtiment et une foule est assise sur le terre-plein de verdure sous les arbres. La famille norvégienne arrive peu après moi. Dans la queue qui s’amincit lentement, un homme porte un tee- shirt « I don’t need Google, my wife knows everything (je n’ai pas besoin de Google, ma femme sait tout) » ! Dans le bâtiment, il ne fait pas plus frais. Là aussi, un climatiseur crache des décibels mais peu de froid. On me tend une carte d’embarquement où j’ai été rebaptisée Marie tout court. Ensuite ? Eh bien, nous ressortons.

Mon chauffeur de taxi est resté car il y a sûrement une course à faire avec l’arrivée de l’avion. Nous en profitons pour discuter une dernière fois. A côté de nous, une cafétéria miséreuse où seuls les Cubains trouvent une alimentation bonne à consommer de si bon matin. Il y a des étrangers, mais nous sommes en minorité. En face, un bon slogan de Fidel : « Una revolucion solo pueder ser hija de ideas y de cultura (une révolution ne peut être que la fille d’idées et de culture) ». A 9 heures, l’avion atterrit. Ceux qui sont en liste d’attente sont appelés et cinq minutes plus tard, quelqu’un crie à la porte que le contrôle va commencer.

Il faut présenter sa carte d’embarquement à une femme assise devant une porte aux vitres teintées équipées de rideaux. Elle coche un numéro sur un plan de cabine. Un agent de sécurité derrière la porte fait signe d’entrer. Et referme soigneusement à clé derrière la personne qui vient d'entrer. Rien d’extraordinaire dans cette dernière salle d’attente (il n’y en a pas d’autre). Un scanner à bagages à mains, des chaises inconfortables et une mini cafétéria tenue par une employée de la compagnie aérienne qui ne vend que du chocolat en barres !

Dix heures moins vingt, nous embarquons. Les familles et les enfants d’abord ! Et après, l’hôtesse appelle par rangées et ne laisse en aucun cas passer ceux qui tentent de griller un tour. D’ailleurs à quoi cela servirait-il de passer devant tout le monde ? Il fait une chaleur d’ours dans l’avion. Mon sac photo n’entre pas dans le coffre à bagages. Qu’importe, ici, on peut mettre sa valise à ses pieds. Comme les bouteilles d’eau qui pénètrent comme dans un moulin. Alors que presque tout le monde est installé, le commandant nous demande de descendre de l’avion. Aucune explication, même les Cubains ne comprennent pas et ne cherchent surtout pas à comprendre. Retour à la salle d’attente pendant un quart d’heure et nous recommençons le ballet sur le tarmac, jetant un coup d’œil à la mer que nous longerons pendant le décollage. A 10h25, l’avion décolle. Il n’était pas complet. En face de moi, un siège est disponible et une femme se signe à plusieurs reprises juste avant de quitter la terre ferme.

Hôtel Ambos Mundos calle Obispo.

Deux heures de vol plus tard sans encombre, nous atterrissons à La Havane. La femme en face de moi applaudit avec force, fais le signe de croix et remercie son seigneur... En sortant de l'avion, je vois un hublot déboîté. Tout va bien, nous avons atterri. L’attente des bagages est raisonnable. Un taxi m’embarque vers une casa que j’ai choisie dans le guide, juste derrière le Capitolio, mais pour laquelle je n’ai pas réservée. Comme souvent à La Havane dans les maisons coloniales, il faut d’abord monter un escalier très raide. Une chambre est disponible mais seulement pour une nuit. Je décline la proposition. Elle m’en propose une autre mais que j’estime un peu trop loin de la vieille Havane. Et voilà qu’il se met à tomber des cordes ! Alors j’attends. Il y a un piano dans la pièce. S’il n’y avait pas deux personnes qui dormaient dans une chambre à côté, j’en aurais bien joué quelques notes. Les pièces font au moins 4,50 mètres de haut, mais le salon est presque vide. Un canapé ayant accueilli beaucoup de corps alanguis fait face à une télé scellée sur le mur, les fenêtres sont ouvertes et l’eau entre dans la pièce, des chaises sont posées n’importe comment. Une toute petite bibliothèque laisse voir des livres en français et en anglais dont se sont déchargés des touristes avant de partir.

Bouquiniste sur la plaza de Armas.

Quand la pluie s’est calmée, je sors et monte dans un bici-taxi en direction de la vieille Havane. Heureusement, mon second choix dispose d’une chambre. Les parties communes sont plaisantes et ma chambre est au rez-de-chaussée, pas d’escalier à grimper, mais celui-ci est normal. Après un peu de repos, je reprends goût à l’ambiance de la ville. Les touristes sont beaucoup plus nombreux qu’à mon arrivée le 20 juin. Pour la première fois, je mange un plat franchement mauvais dans un restaurant d’état dont je suis tentée de partir sans payer. Mais je n’ose pas. Quelques churros pas suffisamment tendres feront passer l’amertume qui me tapisse le palais.

Hôtel Santa Isabel plaza de Armas.

La calle Obispo reste dans ses travaux inachevés, la plaza de Armas regorge de ses bouquinistes et les vieilles demeures délabrées côtoient toujours les édifices rénovés. « Empanada de coco y goyava », crie un vendeur sur la plaza de Armas. Sa voix porte et rapporte. En passant près d’une poubelle, il y attrape une bouteille en plastique. Rien ne se perd, tout sert. Une femme avec des cendriers taillés dans des canettes de soda a moins de succès. Je remarque deux femmes avec des poignets cassés et un peu plus d’aveugles secouant les trois pièces de monnaie perdues dans leur verre en plastique. Une tentative de wi-fi sur la plaza de Armas, mais rien. Il paraît qu’il y en a à l'hôtel Parque Central, près du Prado.

Comité du PC dans la vieille Havane.

J’achète le Granma, seul quotidien cubain. Un peso cubano, autrement dit rien… pour rien d’intéressant à lire. L’article sur la tournée du pape en Equateur et Bolivie pourrait être réduit de moitié mais la maquette n’est pas pire qu’un quotidien de la presse régionale. L’hôtel Ambos Mundos où a séjourné Ernest Hemingway garde son rose-orangé qui le distingue des autres bâtiments. Les bici-taxis tentent leur chance avec un « lady » très suave. L’agitation est plus perceptible qu’à Baracoa. Encore deux bonnes journées pour l’apprécier.

 

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  • Premier voyage à Cuba, avant que les relations de l'île avec les Etats-Unis ne soient totalement réchauffées. Merci Barack Obama de cette décision qui m'a fait changer de destination de vacances.
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