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A Cuba, Che Fidel
5 juillet 2015

Adieu Santiago, bonjour Baracoa

Aujourd’hui, je suis sur la route. Départ à 8 heures pour Baracoa, le bout du bout de l’île. Notre Brest oriental. Mon chauffeur d’hier, qui n’avait pas de monnaie, vient me chercher à 7 heures puisqu’il faut être entre une demi-heure et une heure à la gare routière. Je quitte ma casa avec regret, gardant au fond de l’œil les photos des femmes de la famille que je n’aurais pas connues accrochées aux murs. Nous nous faisons une bise, promettant de nous revoir. Aïe nina, mi vida, me dit une dernière fois le fils de la doyenne. Parce qu’il en fut ainsi depuis le début du séjour à Santiago. Et même chose avec mon chauffeur qui, en habitué de l’Europe, sait qu’une bise n’est pas la norme ! Allons-y pour trois !

Santiago de Cuba, berceau de la révolution cubaine.

Place de la Révolution à Santiago de Cuba.

Cette fois, il est impossible d’échapper au racket pour l’enregistrement des bagages. Mais le tarif est tombé. De 1 CUC, il est passé à 1 peso. Pour information, 1 CUC vaut 25 pesos. Un millimètre de l’épaisseur d’une paille. Mais tout de même, c’est désagréable. Quant aux deux chauffeurs, ils ont la tête de contrebandiers. Le bus est aux trois quart vide mais part à 8 heures précises, contournant la place de la Révolution et un panneau montrant Fidel Castro le bras levé : Santiago, rebelde ayer, hospitalaria hoy, heroica siempre. Bye bye le berceau de la révolution.

Une demi-heure après notre départ, premier arrêt. Cinq minutes, nous annonce l’un des « mafieux ». Un stand devant une maison propose sandwich, café et boisson. Nos deux compères avalent leur pain fourré au jambon, un verre d’un liquide blanc et des Cubains qui font partie du voyage font de même. Les Cubains mangent en permanence sandwich et pizzas peu appétissants pour nous. Les chauffeurs profitent de la pause pour se griller une cigarette.
Il faut cinq heures pour relier Santiago à Baracoa. Mais sans le besoin compulsif d’achat des conducteurs, le trajet durerait un peu moins longtemps.

Le paysage : d’abord des champs de canne à sucre à perte de vue, créant pour la première fois une uniformité douce au regard. Rapidement nous arrivons à Guantanamo, la ville, pas la tristement célèbre prison des Etats-Unis, lesquels donnent tous les ans un chèque de 5000 dollars au gouvernement cubain, que celui-ci n’a jamais pas encaissé. Nous prenons des voyageurs, mais personne ne descend. Les panneaux aux slogans désormais connus viennent d’être repeints. Sur des carrés de béton, les fonds blancs sont immaculés et en lettres rouges et noires se déversent les pensées telles qu’elles étaient en 1959. Il en sera ainsi jusqu’à Baracoa.

La montagne nous attend sur notre gauche. Et rapidement nous y pénétrons. Un type d’arbre moyennement haut et plutôt effilé fait son apparition. Impossible de savoir de quoi il s’agit. Le palmier royal, longue tige d’au minimum une quinzaine de mètres, est le roi du flanc des montagnes. Un homme vend des fruits sur le bord de la route : nos chauffeurs s’arrêtent. Faire ses courses pendant son travail, voilà une attitude très productiviste. Ils discutent le prix, fument une cigarette, boivent un jus de fruit pendant que nous attendons. Ils rempliront ainsi leurs cabas de bananes, d’ananas et de goyaves. Une maison miteuse dans un village a leurs faveurs. Un déjeuner très léger doit les y attendre car la pause ne dépasse pas dix minutes !

Et c’est alors que nous longeons la côte. Depuis un moment déjà, la végétation avait changé. D’abord des haies de cactus, puis une terre très sèche parsemée de ces plantes du désert s’élançant vers le ciel ou en bouquets très peu accueillants. Le rouge de la terre de Vinales a perdu toutes ses couleurs depuis longtemps. Ici, elle est d’un banal marron clair. La mer s’échoue sur une côte rocheuse. Une corolle de vert pâle, cernée par un ruban de bleu pâle et enfin elle prend des tonalités d’un bleu plus profond. La route ne suit pas définitivement la mer. Nous la laissons pour tailler la montagne.

Avant Baracoa, le bus fait un peu taxi. Il laisse devant telle maison un homme et son cabas et prend plus loin femmes et enfants pour les déposer 2 km plus en avant. Sans doute les cousines du frère de la mère de la femme d’on ne sait qui car tout le monde se salue dans le bus. Nous étrangers ne pouvons que subir. Il faut plutôt profiter de ce spectacle car quand chacun d’eux disposera de sa voiture, ce sera fini. Et nous avons beau penser que les chauffeurs exagèrent, nous arrivons à l’heure !

Baracoa, une ville cernée par la mer.

Le touriste reste rare à Baracoa, donc très convoité. Rabatteurs pour les casas et chauffeurs de bici- taxi se pressent contre la grille de sortie de la gare routière. Il faut se frayer un chemin, répéter avec insistance que l’on a réservé, mais même avec ces bons arguments, plusieurs femmes me suivent et me mettent sous le nez les photos de leur casa avec leur chambre indépendante et tout le confort et j’en passe. Celle sur laquelle j’avais des vues dispose d’une chambre. Les propriétaires sont en voyage mais sont remplacés par un jeune couple très aimable. Surtout, la Casa azul a beaucoup de charme. Plafond lambrissé et un vrai effort de décoration pour la chambre qui reste sobre. Les tableaux aux murs dans la pièce de séjour sont accrochés en double, ce qui surprend passablement. Un bon jus de fruit m’est offert. Et Amanda, leur fille de 4 ans, entame la conversation.

Un malecon bien triste à Baracoa.

 

Bici-taxi à Baracoa, des auto-entrepreneurs courageux.

Une bonne introduction à la ville qui ressemble à une presqu’île. La mer la cerne de deux côtés et lui offre de l’air bienvenu sous ces chaleurs. Le malecon n’a rien, mais alors rien, de charmant. Trois ou quatre immeubles de cinq étages sont disséminés tout du long. Leurs couleurs se sont écaillées sous l’assaut des sels marins. Pas un seul banc pour admirer la mer. En désespoir de cause, deux jeunes touristes à la peau très blanche voulant profiter de la vue se sont assises par terre face à un promontoire battu par les vagues. Pas l'ombre d'un bistrot ni d’un promeneur en dehors de quelques touristes éberlués.

Baracoa, ses maisons colorées.

Baracoa, la révolution encore et toujours.

En revanche, le centre, très petit, a du charme. Un travelo sur un banc place de l’Indépendance me réclame un stylo et un homme d’un certain âge fait le tour sur sa chaise roulante de fabrication maison qu’il fait avancer avec une manivelle à mains. Au bout du bout de l’est cubain, Internet est disponible en wi-fi sur cette même place et son prix a été divisé par plus de deux au 1er juillet. De 4,50 CUC l’heure, le prix est descendu à 2 CUC. Raoul tiendrait ses promesses. Chez Etecsa, tous les postes fixes sont utilisés et une majorité des utilisateurs sont Cubains.

Eglise de Baracoa.

Je réserve chez Cubatur pour une excursion demain au parc de Humboldt avec un passage par la plage de Managua, réputée la plus belle du coin. Ce qui me donnera une vision d’ensemble et déterminera la suite du voyage dont la fin se rapproche. Allons, encore une semaine.

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  • Premier voyage à Cuba, avant que les relations de l'île avec les Etats-Unis ne soient totalement réchauffées. Merci Barack Obama de cette décision qui m'a fait changer de destination de vacances.
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